15 JANV.
2023

Rosa Bonheur

Il existe au musée deux dessins de la peintre Rosa Bonheur. Ils font partie de la fameuse collection des fables illustrées du baron Félix Feuillet de Conches, trésor de notre musée :

Le Loup et l'Agneau et Le Loup et le Chien maigre

Félix Feuillet de Conches n'a pas collectionné que les miniatures indiennes ou orientales mais il désirait également que sa collection représente tous les plus grands talents français de son époque, le XIXe siècle. Son choix de Rosa Bonheur n'est pas un hasard car elle est devenue célèbre grâce à ses peintures animalières, quoi de mieux pour les fables ! Ils vont correspondre et il la convainc de lui dessiner deux fables de son choix en petit format, ce qui est loin d'être ce qu'elle a l'habitude de réaliser.

La vie d'une femme artiste au XIXe siècle n'était pas chose facile et il fallait un caractère bien trempé pour pouvoir simplement être libre de créer ses propres œuvres et surtout d'en vivre. Elle perd sa mère très jeune qu'elle a vue s'épuiser dans des travaux de couture jour et nuit pour la survie de ses enfants.

Son père, peintre paysagiste, qui avait abandonné sa famille, place tous ses enfants chez des amis et décide que Rosalie-elle raccourcira son prénom en signant ses tableaux- deviendra elle aussi couturière.

Mais ce n'est pas du tout du goût de Rosalie qui n'a que onze ans mais qui sait en ayant vu peindre son père que c'est ce qu'elle veut faire. Comme elle est particulièrement douée, son père accepte de devenir son professeur. L’École des Beaux-Arts n'était pas ouverte aux femmes, comme toutes les grandes institutions, contrairement au siècle précédent. Elle va faire des copies au Louvre et doit subir les railleries des étudiants qui ne savent pas que dès l'âge de treize ans elle vend ses copies et commence à gagner sa vie.

Elle adore les animaux et va se spécialiser dans la peinture naturaliste et réaliste des bêtes. Elle ne peint pas des chats ou des petits chiens comme le bon goût de l'époque le préférait pour une dame, au contraire, elle est passionnée par les chevaux, les bœufs et les troupeaux d'ovins. Pour mieux les observer, elle se rend aux Halles de Paris car bien sûr, il est interdit aux femmes d'étudier l'anatomie et les sciences vétérinaires. Pour pouvoir observer les carcasses aux Halles ou les troupeaux aux marchés aux bestiaux, elle est obligée de demander une autorisation spéciale de "Travestissement" à la préfecture de police pour s'habiller d'un pantalon et d'une grande veste, plus commode pour fréquenter les abattoirs. Elle en profite pour se couper les cheveux.

Impossible aussi pour une femme d'exposer ses peintures, seule possibilité, les salons une fois par an. Elle expose pour la première fois à l'âge de 19 ans, va être médaillée de bronze à 23 ans puis d'or à 26 ans. Les critiques sont acerbes et particulièrement misogynes : une jeune fille faisant des tableaux de 5 mètres sur 3 et représentant des animaux de ferme !

Les artistes ne s'intéressaient pas du tout au monde rural alors que les paysans représentaient la majorité de la population. Elle peint les races françaises de bovins et en fait ainsi la promotion par l'intermédiaire de ses immenses toiles outre-manche et jusqu'aux États Unis. Elle fait une tournée internationale où elle est reçue avec beaucoup d'honneurs, comme une grande célébrité. D'ailleurs, la majorité de ses toiles sont aujourd'hui dans les collections étrangères, aux USA ou en Angleterre.

La voilà riche et surtout indépendante, toutes ses œuvres sont vendues avant même d'être peintes. Elle ouvre un cours d'art gratuit pour les jeunes filles, facilitant leur accès à l'art.

Plus tard, elle se noue d'amitié avec Buffalo Bill qui adore la façon qu'elle a de peindre les chevaux. Elle lui fait son portrait équestre, conservé au musée du Wyoming.

Pour vivre loin de l'agitation des hommes, elle décide d'acheter un château atelier à Thomery en Seine et Marne. Elle transforme le grand domaine en un parc animalier, elle possédera même un couple de lions. L'impératrice Eugénie viendra en personne dans sa propriété, lui remettre la légion d'honneur et plus tard, le président Sadi Carnot la promeut au rang d'officier.

C'est la première fois dans l'histoire de France qu'une femme reçoit cette distinction.

Tout comme La Fontaine, elle est persuadée que les bêtes ont une âme, qu'ils sont capables de réflexion et d'intelligence, ce qui était loin d'être l'avis de la majorité des gens du XIXe siècle. Elle prenait un soin particulier à peindre le regard de toutes les bêtes, introduisant ainsi une émotion quasi identique à celle des êtres humains.

La maison de Rosa Bonheur existe toujours, c'est aujourd'hui un musée privé qui retrace toute son existence parmi ses objets familiers.

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