20 JANV.
2023

FEUILLET DE CONCHES - LES MINIATURES INDIENNES

Sébastien-Félix Feuillet de Conches (1798-1887)grand admirateur de La Fontaine, désirait réunir une collection unique de miniatures peintes de tous les pays du monde pour son seul plaisir.

Son poste de chef du protocole au ministère des affaires étrangères lui facilita la tâche. Il pouvait missionner des ambassadeurs auprès des meilleurs artistes chinois, japonais, égyptiens, perses ou indiens, avec une traduction des fables de La Fontaine pour en obtenir une interprétation sous forme de miniatures.

Feuillet de Conches était un grand amateur d’art, un collectionneur, il se nommait lui-même le Curieux. Pour mieux réussir son ascension sociale, il se donna le titre de Baron et rallongea son nom avec une particule, utilisant le nom de sa mère : Conches.

En tout, ce fut 172 fables qui furent illustrées, 10 contes et des ornements sous forme de feuillets pour composer un recueil unique au monde et qui ne sera jamais édité. Celui-ci tomba dans l’oubli, restant la propriété de sa famille jusqu’à sa mise en vente en 1968.

C’est le musée Jean de La Fontaine qui se porta acquéreur, mais les fonds manquant, c’est l’état et la région qui assureront le mécénat.

Les miniatures les plus remarquables sont celles d’Iman Bakhsh Lahori originaire du Penjab et protégé par son Maharadjah.

Comment Feuillet de Conches a-t-il pu obtenir de cet artiste 60 miniatures ?

En 1822, deux officiers de l’Empire nommés Allard et Ventura, partis à l’aventure après la chute de Napoléon, gagnèrent la confiance du maharadjah du Penjab, Rangit Singh. Ils furent engagés pour réformer son armée. Les anglais regardaient cette « French Legion » avec admiration et crainte. Les ordres étaient donnés en français et le drapeau tricolore y flottait. Ils mirent sur pied une artillerie moderne et même une fonderie de canons.

Ces généraux s’intégrèrent si bien qu’ils épousèrent des princesses hindoues et se firent bâtir de superbes résidences décorées par les artistes locaux. Autant dire que l’occupant anglais trouvait tout cela très déplacé. C’est ainsi que le maharadjah leur permit d’utiliser les talents de son meilleur peintre Iman Bakhsh Lahori. Les généraux purent ainsi répondre à la commande passée par Feuillet de Conches.

Jean de La Fontaine aux Indes n’est qu’un juste retour aux sources. En effet, dans ses derniers recueils de fables, La Fontaine s’inspire du livre du sage indien Pilpay.

C’est un récit qui vient de la tradition orale indienne et dont l’origine se perd dans la nuit des temps. Ce livre avait été traduit en français au milieu du XVIIe siècle et La Fontaine s’en inspira.

La délicatesse des illustrations, la transposition des fables de La Fontaine en Inde, apporte encore plus de poésie et quelquefois de fantaisie : le loup, inconnu aux Indes, est représenté avec une grosse queue de renard. Le lion ressemble à un tigre avec une crinière postiche. En revanche, l’éléphant familier sous ces latitudes est toujours merveilleusement représenté . La fable Le Meunier, son Fils et l’Âne est représentée dans une ville d’architecture hindoue, c’était l’illustration préférée de Feuillet de Conches.

L’exposition du musée Guimet qui a eu lieu de février à mai 2019 a permis de remettre en lumière ce précieux patrimoine de notre musée, car si des expositions ont été organisées à New Delhi, Bombay et une à Saint Tropez (village d’origine du général Allard) il y a quelques années, la collection restait dans la discrétion des réserves.

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