13 JANV.
2023

La naissance de Jean de La Fontaine ou naître au XVIIe siècle

Jean est né le 8 juillet 1621. Nous gardons au musée, comme un trésor, son acte de baptême rédigé sur le registre paroissial.

La graphie en est tellement alambiquée que l'on est obligé de laisser aux spécialistes le soin de la décrypter. On y apprend que c'est son grand-père paternel, né en 1567, qui lui tient lieu de parrain et lui donne ainsi son prénom Jean, orthographié à l'époque Jehan. Le baptême a lieu immédiatement ou le lendemain de la naissance, au plus tard, si l'enfant se porte bien. L'inscription au registre paroissial fait acte de l'entrée de l'enfant dans la société.

Une femme enceinte de la bourgeoisie du XVIIe siècle était traitée avec beaucoup d'attentions : on la saignait au moins quatre fois et on la purgeait également. Il fallait lui éviter de voir des spectacles effrayants ou insolites qui pouvaient risquer de déformer le futur enfant. Le père devait immédiatement répondre aux envies alimentaires les plus variées de son épouse sous peine de voir l'enfant marqué par des taches de vin, signe d'envies non assouvies.

Lors de la naissance on posait dans le lit sous les reins de la parturiente un chaudron bien chaud et sur le ventre, le bonnet du mari ainsi que de nombreuses médailles et amulettes. Dès que l'enfant paraît, la sage-femme l'emmaillote entièrement dans des bandes de toile, souvent les bras le long du corps. Il faut, en effet éviter que celui-ci se déforme.

On lui souffle ensuite un peu de vin dans la bouche histoire de le revigorer. On change l'enfant mais on ne lave pas; les langes souillés d'urine, on les fait juste sécher. L'urine est effectivement considérée comme un remède et la crasse comme un excellent engrais. Donc surtout pas de bain pour le bébé ! On le démaillotera au bout d'un mois, rassuré de la bonne forme droite de son petit corps.

En 1622, parait un ouvrage anonyme "Les caquets de l’accouchée" qui raconte l'habitude qu'ont les femmes de se réunir entre elles autour de la jeune mère pour parler librement de tout.

Les hommes sont exclus, ils ne sont admis que pour aller chercher de bons plats pour nourrir les visiteuses et descendre à la cave pour les abreuver abondamment. La mère est parée de ses plus beaux atours et reçoit au lit. Les plus riches vaisselles de la maison sont exposées dans la chambre dont des drageoirs emplis de confiseries. Le plus souvent chez les bourgeois, une nourrice est engagée car on se méfie du lait animal qui pourrait transmettre à l'enfant son caractère bestial.

Le choix de la nourrice est important, il faut qu'elle soit "bien carrée de poitrine et bien croisée d'épaule, ayant bonne et vive couleur". Le petit Jean, de solide constitution, échappa aux maladies (dysenterie, variole, diphtérie, etc...), au manque d'hygiène et aux accidents domestiques (morsures de rats, brûlures par le feu de la cheminée...) qui provoquaient la mort d'un enfant sur trois avant l'âge d'un an.

On sait que dans son œuvre, Jean de La Fontaine ne s’intéressait guère aux petits enfants sauf dans un cas, celui où ils étaient le fruit logique de l'amour : "Pour un petit poupon l'on sait qu'elle en fut quitte." Ainsi dans ses contes, les "poupons" fleurissent. On les retrouve particulièrement dans les couvents et c'est bien le sujet du conte Les Lunettes où sœur Agnès mit au jour une petite créature ressemblant comme deux gouttes d'eau à une sœur nommée Colette. Scandale ! cette sœur Colette était en fait un jouvenceau déguisé qui s'était introduit dans la clôture.

Sœur Jeanne a elle aussi succombé à la tentation et fait bien sûr un petit poupon tandis que toutes ses compagnes de couvent ne rêvent que d'une chose, commettre le même péché.

Sous des airs libertins et gaillards, La Fontaine met en relief un problème de la société de son époque qui est celui de l'enfermement des filles dans les couvents. Il prévient les parents contre des pratiques qu'il juge ineptes "Ma fille est nonne ergo* c'est une sainte". Il se fait pédagogue pour ceux qui seraient tentés par ce destin pour leur fille. Il parle en connaisseur puisqu'il a lui-même connu les avances d'une mère abbesse dans sa propre maison, il n'était d'ailleurs pas contre!

Il conseille donc les parents avant de les amuser par son conte Mazet de Lampérochio où toutes les nonnes se disputent le jeune jardinier du couvent. Il leur fera beaucoup de petits Mazillons qui deviendront des petits Moinillons. Le voile n'est le rempart le plus sûr Contre l'amour, ni le moins accessible : Un bon mari, mieux que grille ni mur, Y pourvoira, si pourvoir est possible.

*donc

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