18 AVRIL
2023

Les connaissances en sciences naturelles au XVIIe siècle

Les connaissances en sciences naturelles au XVIIᵉ siècle.

Ou le faux procès d'incompétence fait à Jean de La Fontaine.

On a toujours accusé La Fontaine dans ses fables, d'enseigner des choses fausses sur les bêtes. On s'étonne qu'il n'ait pas su mieux observer la faune et la flore alors qu'en tant que maître des Eaux et Forêts, il parcourait toute la campagne bien au-delà de Château-Thierry. Bref, d'être un ignorant en matière de sciences naturelles, alors que cette matière n'existait quasiment pas encore à son époque !

La zoologie qui a pour objet l'étude des animaux ne prendra forme qu'au milieu du XVIIIᵉ siècle. Auparavant, la classification animale était loin d'être scientifique. Les sciences de la nature n'occupaient qu'un rang très secondaire, les notions d'espèces étaient fluctuantes et totalement arbitraires. On se basait pour classer les animaux sur la manière dont on les attrapait ou sur leur nourriture ou encore sur leurs attitudes. Pour vous donner une idée des connaissances à cette époque, la notion d'insecte n'émerge véritablement qu'au XVIIIᵉ. Auparavant les petits animaux qui étaient considérés comme des insectes se nommaient serpents par exemple ou encore grenouilles...

Ce sont deux savants anglais qui vont publier à Londres le premier ouvrage classifiant les plantes, selon leurs fruits. Cet ouvrage sera traduit en France seulement à la fin du XVIIe siècle ce qui ouvrira la voie aux sciences naturelles dont Buffon et Linné seront les fondateurs bien plus tard.

En France, il existait des ouvrages sur les animaux de compagnie, notamment les singes, les perroquets et même les caméléons. Mais ils étaient consacrés à la façon de bien les traiter car la plupart valaient une petite fortune, il faut donc des conseils pour qu'ils vivent longtemps, étant considérés comme d'importants signes extérieurs de richesse. Les oiseaux et surtout les perroquets sont appréciés comme des œuvres d'art de la nature. Toutes les dames de la noblesse ou les très riches bourgeoises se devaient de posséder un animal exotique malgré son prix prohibitif. C'était la grande mode, indiquant votre rang social : nombre de familles riches se font peindre par les plus grands artistes avec leurs animaux exotiques.

Claude Perrault qui est médecin et architecte, frère de Charles, écrit à partir de 1667, Les mémoires pour servir à l'histoire naturelle des animaux. Son travail est basé sur l'anatomie des animaux qu'il dissèque et qui proviennent souvent de la ménagerie de Versailles. Il entre ainsi dans une science d'observation moderne et non plus livresque. Les références très fantaisistes des auteurs anciens, n'entrent plus en ligne de compte. Ce sont les grands débuts d'une science expérimentale qui ne connaît encore que peu d'écho, car réservée à un petit cercle de spécialistes.

Notre La Fontaine, comme la majorité de ses contemporains ne s'occupait pas de savoir de quoi se nourrissait la cigale ou la fourmi, l'important étant de rendre vivante sa fable et aussi de garder l'esprit de son modèle antique que ce soit Phèdre ou Ésope. Aucun fabuliste ne s'est préoccupé d'observer les animaux car en langage poétique ce ne sont pas de vrais animaux mais des outils pour enseigner la morale aux humains.

On vivait dans un monde figé sur des représentations populaires, des préjugés qui continuent encore de nos jours : le loup ne peut être que cruel, l'âne stupide ou le renard rusé, etc...

Comme il n'existait pas de classification au XVIIe siècle, tous les animaux qui se ressemblaient étaient les mêmes. Ainsi dans plusieurs fables, le fabuliste parle d'un rat puis dans cette même fable et pour désigner le même animal d'une souris (La Chauve-Souris et les deux Belettes). Le chameau est également nommé dromadaire (Le Chameau et les Bâtons flottants) ou le pigeon peut être aussi une colombe (La Colombe et la Fourmi). Ne se ressemblent-ils pas ? N'ont-ils pas le même comportement ?

La Fontaine était un poète, un joueur de mots et la réalité devant son art, n'a que peu d'importance. Il permet ainsi à un moucheron bien ordinaire de terrasser un lion ou à l'araignée d'échanger son logis avec celui d'une goutte d'eau. C'est ce rêve inaccessible, ce voyage dans l'imaginaire que nous propose le poète. De plus, il nous en donnera comme toujours ou presque, une morale où nous pourrons, nous humains, nous reconnaître.

Il précise dans une note sous la fable Les Souris et le Chat-Huant "Que ces exagérations sont permises à la Poésie, surtout dans la manière d'écrire dont je me sers".

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