17 JANV.
2023

Montanglaust, le château de ma mère

Aux abords de Coulommiers, il existe un ravissant château privé du XVIIe dont les jardins en perspective sont classés depuis 1990. Jean de La Fontaine venait souvent y voir sa grand- mère et y écrire des fables…

On peut en admirer la façade à travers les grandes grilles qui bordent la route. A côté du portail d’entrée se trouve un vieil écriteau tout écaillé qui indique au promeneur que cette demeure appartenait à la famille Pidoux. Jean de La Fontaine venait souvent y voir sa grand- mère et y écrire des fables…

Nous savons que la mère de Jean de La Fontaine se nomme Françoise Pidoux et qu’elle est effectivement originaire de Coulommiers où elle est née. Elle se marie une première fois à un très riche négociant de la ville, Louis de Jouy, dont elle a une fille Anne. Devenant veuve elle se remarie avec Charles de La Fontaine, père de notre fabuliste.

Que sait-on de cette famille maternelle de Jean de La Fontaine ?

On peut remonter jusqu’au XIIIe siècle pour retrouver l’origine de ses ancêtres maternels : ils étaient des bourgeois parisiens accédant à des charges royales et furent anoblis à la même époque. Au XVe siècle, on les retrouve à Poitiers et à Châtellerault car ils ont fui la peste et la guerre.

Ils acquièrent alors les terres de La Maduère, en prennent le titre et deviennent ainsi les Pidoux de La Maduère dont on trouve encore des descendants, les seuls connus aujourd’hui de Jean de La Fontaine.

La famille Pidoux fut très célèbre dans le monde de la médecine dès le XVIe siècle : l’arrière grand-père François et le grand-père Jean (voilà un prénom qui nous en rappel un autre…) devinrent de célèbres médecins soignant tour à tour Henri II , Henri III et Henri IV !

Jean Pidoux se distingua particulièrement en tâchant de soigner la colique verte du Poitou puis édita un traité sur «  La curation de la peste » qu’il soignait grâce à un remède universel nommé Polychreste de Poitiers à base de souffre et de tartre qui eu beaucoup de succès mais dont l’effet n’était pas du tout garanti.

Mais surtout il mit à la mode en France une importante découverte italienne dont nous avons gardé le nom et l’heureuse habitude : la douche. Il en fit la définition suivante : «  Une découlante liqueur en manière de fontaine sur le corps humain et il y a peu de maladies auxquelles elle ne convienne. » Les médecins se méfiaient énormément de l’eau à l’époque, car celle-ci, pas toujours saine propageait des maladies.

Mais en proposant des cures dans la ville d’eau de Pougues dans la Nièvre, notre médecin obtint un succès qui durera jusqu’au XX e siècle.

Mais comment se fait-il que Françoise Pidoux, fille de ce fameux médecin et mère de notre fabuliste soit née à Coulommiers ? Un mariage en est la raison : Jean Pidoux épousa Françoise Bobée dont il eut cinq enfants. Elle était la très riche fille du bailli de Coulommiers, apportant dans sa dot propriétés et jardins ainsi que beaucoup d’argent. Françoise de La Fontaine, prénommée comme sa mère, quatrième enfant de ce couple était un très beau parti lorsque Charles de La Fontaine la rencontra, on ne sait malheureusement pas dans quelles circonstances.

Françoise avait une superbe dot, de l’argent suite à son veuvage et possédait des promesses d’héritages. Ils se marièrent donc à Coulommiers le 13 janvier 1617, Charles est un jeune homme de 23 ans et elle a déjà 35 ans. C’est d’ailleurs suite à son mariage et grâce à l’argent de sa femme que Charles a pu faire l’acquisition de la très belle maison de Château-Thierry qui deviendra la maison natale de leur fils Jean quatre ans après leur mariage.

Charles de La Fontaine avait pleinement conscience que la famille de son épouse était d’un milieu supérieur au sien, milieu auquel depuis plusieurs générations les La Fontaine aspiraient : noblesse, grande richesse, célébrité. Charles de La Fontaine va donc écarteler les armes de sa famille alors composées d’une simple fontaine d’argent pour y inclure celles de son épouse faites de trois frètes (sorte de flèche) de sable donnant ainsi aux Pidoux la place d’honneur.

Revenons à notre château de Montanglaust dont le nom vient de la motte féodale sur laquelle il a été bâti : Mont Enclos, propriété de la famille Pidoux et plus particulièrement du frère aîné de Françoise, Valentin. Celui-ci va hériter de la charge de bailli de Coulommiers de son grand-père maternel et fonder la tige des Pidoux de Montanglaust, seigneurs de la Maduère.

Jean de La Fontaine a-t-il vécu enfant quelques temps au château ou comme certains l’affirment allait-il voir sa grand-mère rue de la Pêcherie ? Nulle trace dans son œuvre de ce beau château d’enfance, le secret reste bien gardé, mais il nous reste notre imagination, ce qui n’aurait pas déplu à notre fabuliste.

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