15 JANV.
2023

Olivier Patru (1604 - 1684 ) ami estimé de Jean de La Fontaine

Lorsque le jeune Jean de La Fontaine vint à Paris pour y faire des études de droit,, il découvrit le meilleur de sa vie d'étudiant en rencontrant des jeunes gens comme lui, passionnés de poésie.

Cette jeunesse pleine de fougue et d'admiration pour les œuvres de ses aînés se réunissait pour déclamer ses propres vers et peaufiner son art de la rhétorique. Ils formaient le groupe joyeux des "Palatins de la Table Ronde".

Parmi eux, Olivier Patru, un avocat qui fait figure d’aîné puisqu'il a environ quinze ans de plus que tous les étudiants de cette petite bande. Il est considéré en matière littéraire comme le meilleur critique de son temps. Tous ces jeunes et futurs écrivains recherchaient ses conseils. Jean de La Fontaine ne manqua pas de lui demander son avis au sujet de son projet de réécriture des fables. Le conseil que Patru donna à Jean fut que les fables étaient un genre mineur, qu'il fallait en garder la brièveté, les laisser en prose et surtout en bannir les ornementations. Bref, qu'il ne devait surtout pas se fourvoyer dans cette impasse...Heureusement, comme nous le savons, Jean ne suivit pas ses conseils mais lui conserva toute son estime en notant dans le préface du premier recueil des fables toute son admiration pour ce lettré formé à l'art des maîtres anciens.

Olivier Patru est né dans une famille aisée et partit à 19 ans faire un voyage en Italie. Il y rencontra Honoré d'Urfé, le célèbre auteur du roman pastoral L'Astrée qui connut une vogue inouïe qui durera tout le siècle. N'oublions pas que l'Astrée était et restera le livre de chevet de La Fontaine. Olivier Patru écrivit un Éclaircissement sur l'Astrée, ce qui lui ouvrit les portes des salons précieux. Il embrassa la carrière d'avocat et ses plaidoyers restent encore aujourd'hui des modèles d'éloquence. Cependant, à force de plaider pour des gens sans fortune et refusant les effets de manche, il remporta peu de procès : "Pensez que le plus souvent, faute de biens pour soutenir un procès, l'ignorance et l'injustice triomphent indignement et des lois et de la vertu."

Il s'enfonça donc peu à peu dans l'indigence, dépensant l'ensemble de sa fortune en livres et en éditions mais sans perdre jamais ni son bon cœur ni sa droiture. Poursuivi par les créanciers, il fut saisi de tous ses biens et c'est Boileau qui lui racheta discrètement sa bibliothèque tout en lui en laissant la jouissance. Il fut élu à l'Académie Française à l'âge de 36 ans et pour la première fois dans l'histoire de cette institution, il prononça un discours de remerciement. Celui-ci était si admirable que l'on prit le pli d'exiger que tout nouvel académicien en fît autant. Il travailla au dictionnaire bien sûr et proposa que les exemples donnés dans les définitions viennent d'auteurs connus, tout comme cela se fait aujourd'hui et non des exemples forgés de toutes pièces. Il ne fut pas suivi et déçu par la rigidité des académiciens, travailla en collaboration avec François Richelet qui édita son propre dictionnaire "Le Richelet" contre l'avis de l'Académie.

Mais la vie d'Olivier Patru ne fut pas si austère qu'il y paraît. En effet, il vécut des aventures dignes de figurer dans les contes libertins de La Fontaine. Jeune avocat il rencontra la belle madame Levesque "une fille blonde, blanche, avec la plus jolie taille du monde et âgée de quinze ans. Il en fut ébloui..." Mais la belle était mariée avec un de ses confrères. Il se fit donc inviter souvent dans le cercle des intimes, ce fut facile car le mari désirait des conseils pour ses plaidoyers. Olivier Patru attendait alors que l'époux soit un peu ivre pour se faufiler dans la chambre de la belle qui n'en demandait pas moins. Ils se firent même surprendre un soir et Patru s'en fut précipitamment en lui tournant le dos. Le mari particulièrement gris demanda à sa femme pourquoi Patru s'en allait fâché, lui semblait-il "Il est parti très mal satisfait." lui répondit-elle. Le mari s’empressa de le réinviter pour se faire pardonner. Voici son épitaphe écrite par Tallement des Réaux : "Toujours comme un oracle il s'est vu consulter, soit sur les vers, soit sur la prose. Il sut jeunes et vieux au travail exciter et c'est à lui qu'ils doivent la gloire de voir leurs noms gravés au Temple de Mémoire."

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